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Film streaming 100 dollars pour un shérif regarder en ligne 4K

Petite déception en découvrant True grit des frères Coen. Alors qu’ils partaient d’un film original excellent (100 dollars pour un shérif. réalisé par Henry Hathaway et emmené par le mythique John Wayne), les deux réalisateurs se sont contentés d’un copier-coller impersonnel. Résultat. un western molasson et parfois incohérent où l’on ne perçoit jamais la signature de ses auteurs. Voici un petit comparatif entre le comico-western d’Hathaway et la boulette des Coen.

Après l’assassinat de son père, la jeune Mattie Ross engage le shérif Rooster Cogburn pour traquer Tom Chaney, le meurtrier. Mais elle n’est pas la seule à vouloir la tête du fugitif. Lebœuf, un ranger du Texas, espère lui aussi attraper Chaney, accusé du meurtre d’un sénateur, et obtenir la prime mirobolante qui va avec. Mattie et les deux chasseurs de primes prennent la route ensemble pour le meilleur et pour le pire.

Mattie Ross, une femme-enfant au caractère de cochon !

Le film commence par une longue scène d’exposition où l’on découvre la place que tient Mattie Ross (Kim Darby) au sein de sa famille. S’occupant de la comptabilité de son père, un exploitant agricole, la demoiselle qui semble avoir environ 17 ans, est une négociatrice hors pair. Malgré ses allures de petite dame, elle a pourtant un caractère bien trempé. Dans la famille, elle semble avoir plus d’autorité que sa propre mère et tient presque le rôle d’une épouse. C’est une famille heureuse. Mais tout bascule lorsqu’à Fort Smith, Tom Chaney, l’employé de Mr Ross, tue son patron pour un motif futile, puis le dépouille. Cette scène met l’accent sur l’absurdité du crime et la bêtise de Chaney capable de tuer celui qui l’a aidé autrefois dans les moments difficiles. C’est après cela que Mattie débarque à Fort Smith, bien décidée à faire arrêter et condamner Tom Chaney. La jeune femme ne montre pas ses faiblesses et sa tristesse, elle est juste animée par la vengeance. C’est pour cela qu’elle ne sourcille presque pas à la vue d’une pendaison et qu’elle ne verse pas de larme sur le cercueil de son père. On découvre également, son sens des affaires très aigu notamment lorsqu’elle négocie l’argent des chevaux de son père. Ce moment permet d’illustrer le caractère de cochon de la jeune femme. Le gérant du ranch n’est pas tant bluffé par ses arguments que par l’exaspération que suscite cette punaise qui ne lâche rien. Elle réussit tellement bien à le pousser à bout qu’il lui donne ce qu’elle veut pour s’en débarrasser. Avec son sale caractère, l’expédition avec Cogburn risque d’être explosive.

Rooster Cogburn, le shérif qui a soit disant du cran

Rooster Cogburn est le shĂ©rif le « plus mĂ©chant » de la rĂ©gion, un homme qui a du cran. C’est la raison pour laquelle Mattie engage cet excitĂ© de la gâchette pour venger son père. Mais Cogburn est aussi une vieille loque alcoolique, cupide et borgne de surcroĂ®t. Mattie, impressionnĂ©e par la mise en scène de ses arrestations publiques et les rĂ©cits de ses aventures au tribunal, l’alpague après un procès. Mais Cogburn reluque Mattie comme un petit postillon insignifiant. C’est seulement lorsqu’elle Ă©voque le nom des complices de Chaney (que Cogburn traque depuis un moment) qu’il manifeste son intĂ©rĂŞt pour l’affaire. En attendant de conclure le contrat, Cogburn invite Mattie chez lui, impressionnĂ© par son culot. On dĂ©couvre un personnage Ă©nigmatique qui vit avec un vieux chinois, qu’il prĂ©sente comme son père, et un chat. Ils vivent dans une baraque en ruine. Cogburn se rĂ©vèle fortement portĂ© sur la boisson au grand dam de Mattie qui lui confie, malgrĂ© cela, la mission. Entre Cogburn et Mattie, il y a une certaine complicitĂ© car l’homme retrouve en la jeune femme son caractère de cochon. « La garce, elle a le mĂŞme tempĂ©rament que moi !» dira t-il Ă  LebĹ“uf. Mais Rooster Cogburn se montre aussi fourbe et versatile. Ainsi, quand LebĹ“uf propose une traque commune pour se partager la prime, Cogburn change de camp. Tout au long du film, il ne cessera de prendre parti tantĂ´t pour Mattie, tantĂ´t pour LebĹ“uf, alors que les deux personnages se dĂ©testent. La mollesse de cette chasse Ă  l’homme fait douter Mattie qui pense avoir misĂ© sur le mauvais cheval. Tout au long du film, Mattie agit avec Cogburn telle une Ă©pouse moralisatrice comme elle le faisait avec son père. Ce n’est qu’à la fin de l’histoire que les rĂ´les s’inversent et que le shĂ©rif reprendra sa posture de meneur et de hĂ©ros. Le cow-boy empâtĂ© se rĂ©veille enfin pour neutraliser Chaney et sauver la vie de le jeune femme. Pour ce beau rĂ´le tragi-comique, John Wayne au meilleur de sa forme, a obtenu l’Oscar et le Golden Globe du meilleur acteur en 1970.

Le points forts de ce film sont surtout les dialogues, parfois hilarants, tellement la jeune fille déclenche l’agacement des hommes qui l’entourent. Il y a également le comique de répétition avec cet hypothétique avocat Daggett auquel Mattie se réfère constament et que personne n’a jamais vu, ou les continuels pics lancés à la jeune fille sur son physique, auxquels elle répond par des répliques toujours plus cinglantes.

True grit version Coen. quand l’humour passe à la trappe…

Adapté du roman éponyme de Charles Portis, True grit n’est pas, selon les Coen, le remake du film d’Hathaway. Bizarre… car on retrouve pas mal de plans identiques au film de 69 comme celui dans le hall d’escalier avec une vue ascendante et descendante, en caméra subjective, pour montrer le face à face entre la gamine et le shérif. Le découpage des scènes est sensiblement le même. En revanche, les Coen ont bizarrement retiré les scènes les plus intéressantes du l’original et surtout les plus drôles. D’abord, le film démarre par la voix off de Mattie adulte racontant le meurtre de son père, avec une caméra avançant sur l’image floue du cadavre. Puis, la première scène introduit l’arrivée de Mattie à Fort Smith. Toute la scène d’exposition du début caractérisant la jeune fille a disparu. L’aspect gratuit du crime crapuleux a été gommé et le cynisme autour de la pendaison-spectacle a aussi été laissé de côté. Dans l’original, on voyait un petit garçon vendre des cacahuètes pendant l’exécution à des badauds hilares. Dans le remake, les Coen préfèrent se concentrer sur la beauferie des condamnés. Quand, ils utilisent l’humour, les deux réalisateurs appuient juste sur les aspects superficiels comme l’allure ou le physique des gens, jamais pour dénoncer la violence ou une mascarade de justice.

Rythme inégal et incohérences

Le film oscille entre grosses ellipses et dialogues dĂ©sespĂ©rĂ©ment longs. Alors que tout le dĂ©but de l’histoire est rĂ©sumĂ© en voix off, d’un seul coup on a une scène de procès très longue oĂą Cogburn (Jeff Bridges) justifie, ivre, ses tueries au nom de la justice. La scène oĂą il emprisonne des malfrats sous les applaudissements a Ă©tĂ© supprimĂ©e alors qu’elle montrait un shĂ©rif sans pitiĂ© et confirmait sa rĂ©putation d’homme de cran. En ne dĂ©couvrant Cogburn que sous les traits d’un ivrogne, on a du mal Ă  comprendre pourquoi Mattie le choisit tout de mĂŞme pour chasser Tom Chaney. Tout le passage oĂą l’on voit la cohabitation bizarre entre le shĂ©rif et le vieux chinois a Ă©tĂ© Ă©galement effacĂ©. La nĂ©gociation houleuse entre Cogburn et LebĹ“uf concernant la traque commune, puis les changements de camp continuels entre le ranger et Mattie ont Ă©tĂ© supprimĂ©s aussi. La radinerie dont fait preuve perpĂ©tuellement Mattie, notamment Ă  l’auberge, est Ă©galement partie Ă  la poubelle. De mĂŞme, l’aspect comique des deux chasseurs de primes molassons, prenant tout leur temps pour sauver Mattie aux prises avec Chaney, a disparu.

Mattie Ross en mode prépubère

Mattie Ross est interprétée par Hailee Stenfield, plutôt bonne dans son rôle. Mais le problème est qu’elle a l’air trop jeune pour quelqu’un de 14 ans alors que celle de 69 en paraissait 17. Cela permettait donc un petit jeu de séduction entre le ranger Lebœuf et la jeune femme. Le garçon ne cachait pas son envie de lui voler un baiser mais la demoiselle était tellement teigne qu’il finissait par lui donner une fessée. Dans la version Coen, Mattie donne plus dans les 12 ans, donc quand Lebœuf (Matt Damon en quadra bedonnant) nous ressort la réplique du bisou cela a tout du personnage suspect…

La scène de négociation des chevaux entre Mattie et le propriétaire du ranch est incroyablement longue. Mattie, la futée, réussit à lui extorquer 300$ en ne cessant de l’embrouiller, si bien qu’il finit par céder par peur des représailles de l’avocat Daggett. Vu le jeune âge de la jeune fille, on a du mal à croire qu’elle puisse effrayer un gérant d’entreprise à ce point-là. Dans l’original, la négociation dure peu de temps et fonctionne bien car Mattie se montre très pénible.

Les Coen ont gardé la vanne sur le physique ingrat de Mattie (dans la planque des malfrats). Malheureusement, cela ne fonctionne pas car la jeune fille est très jolie…

Jeff Bridges à l’économie

Ici, Jeff Bridges semble en pilote automatique. Il nous sert sa traditionnelle nonchalance et sa diction paresseuse. On a tellement vu ça dans ses précédents rôles que cela ne surprend plus. Le personnage joué par Bridges n’a aucune dualité. Il n’est présenté que sous l’angle d’un alcoolique notoire qui sait encore un peu tirer au pistolet. Alors que le personnage de Wayne trouvait en Mattie un alter ego, celui de Bridges est beaucoup moins dans l’affectif et donc un peu moins touchant.

Dans True Grit. on ne perçoit jamais la patte des Coen. Leur ton décalé habituel est mystérieusement absent et les scènes drôles ont été zappées pour laisser place au mélo, comme le confirme la fin tragique différente de l’original. L’ensemble est plutôt sympathique et divertissant mais on est loin du rire que pouvaient déclencher certaines situations insolites et les dialogues du film d’Hathaway. Dommage.

Original. 8/10 Remake. 6,5/10

IntĂ©ressant comparatif entre ces deux films. Je ne comprends pas trop l’enthousiasme qui règne autour du remake des Coen, et je rejoins ton avis…

Comparatif très intéressant et complet!
Oui ce film est surrestimĂ© et diffère assez de l’original mais j’y vois quand mĂŞme des points intĂ©ressants. Tu parles de diction parresseuse de Bridges, c’est au contraire une diction très
travaillĂ©e avec un vieil accent Texan incomprĂ©hensible pour un non-amĂ©ricain. Mais il est vrai que l’interprĂ©tation de John Wayne est phĂ©nomĂ©nale et bien sĂ»r inĂ©galĂ©e dans ce film. Je ne suis pas
un fan absolu de John Wayne, mais le second degrĂ© et l’auto-dĂ©rision dont il avait fait preuve dans le film de 69 Ă©tait jouissive! Une grande partie du comique du film reposait en fait sur son
interprĂ©tation, raison pour laquelle on retrouve beaucoup moins d’humour dans le remke des Coen. Matt Damon est toutefois excellent. Sinon je note quelques ajouts intĂ©ressant comme la scène de la
cabane au fond du ravin qui n’est pas du tout traiter de la mĂŞme manière. Enfin, tu fustiges la scène du dĂ©but alors que pour moi c’est LE moment du film. Simple, concis et beau!
Mais sur l’ensemble je me joins Ă  toi pour encourager tout le monde Ă  voir ou re-voir l’original! Ne serait-ce que pour voir un John Wayne qui ne se prend pas au sĂ©rieux!

Sans revenir sur les incohĂ©rences que tu notes chez les Coen (il est Ă  prĂ©sent moins frais Ă  mon esprit), j’en trouve aussi dans le Hathaway. Toute la chevauchĂ©e finale me paraĂ®t au moins trop hâtive, sinon bâclĂ©e dans la version de 1969. Pourquoi la faire en deux temps, Ă  cheval puis en carriole. On ne sent pas la longueur d’une journĂ©e passĂ©e Ă  cheval. De plus, Mattie mordue par le serpent va plutĂ´t bien et est encore capable d’Ă©changes, puis tombe inconsciente sans que l’on comprenne pourquoi, le sommeil, un Ă©vanouissement, la fièvre… A cet endroit le film des Coen est mieux construit et plus cohĂ©rent.

Je te trouve sĂ©vère avec le remake qui possède un style qui lui est propre, plus violent, accès sur les transformations d’une Ă©poque qui n’est pas sans atteindre les personnages dĂ©crits (oeil, bras, langue, ils perdent tous un bout d’eux-mĂŞmes) et cette contextualisation-lĂ  (absente dans la version d’Hathaway) enrichit nettement le propos.

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